Le propre de l’outsourcing informatique en Roumanie, comme c’est d’ailleurs le cas dans la plupart des pôles de développement offshore ou nearshore, c’est de travailler, en majorité, loin de ses clients. En effet, on est largement dans une logique d’export de services informatiques.
Certains pourront pensez que les SSII offshore/nearshore ont eu un avantage considérable au moment de l’arrivée du Covid. Elles avaient incontestablement une longueur d’avance, mais elles doivent aujourd’hui gérer de nouveaux défis, notamment le télétravail de leurs salariés.
Désorganisation des donneurs d’ordre informatiques
Le premier choc que nous avons subi a bien été lié à la désorganisation de nos clients, tout spécialement des agences web.
En effet, par définition, quand nous réalisons l’outsourcing des agences web, il y a une chaîne d’au moins 3 acteurs, avec le client final, l’agence et nous. Il s’agit là d’un minimum, car le client peut avoir choisi indépendamment un graphiste web, une agence de référencement internet, etc…
Quand un bouleversement affecte autant d’acteurs, la chaîne s’en trouve d’autant plus facilement bouleversée qu’il suffit qu’un seul acteur soit perturbé pour que toute la chaîne en pâtisse.
Facteur aggravant, certaines agences web clientes ciblaient spécifiquement les TPE et petites PME, qui ont été spécialement, et parfois de manière peu justifiable, ciblées et affaiblies par les restrictions gouvernementale.
En outre, une partie des agences utilisent une méthode de commercialisation classique et éprouvée, celle d’une visite du commercial à l’entrepreneur. En période de confinement ou même de restrictions, cette méthode est largement compromise.
Au delà de la partie vente, même des fonctions à priori plus préservées ont aussi touchées. Ainsi ce chef de projet web (d’agence) et père de famille nombreuse qui, pendant le confinement, a eu bien du mal à faire preuve, de chez lui, du niveau d’implication et de concentration nécessaire au suivi d’un projet web d’envergure…
Remise en cause pour les salariés de l’outsourceur
Le télétravail a impliqué pour nos développeurs web roumains un bouleversement vaste et brutal.
Certes, il existait déjà la possibilité de travailler de chez soi, mais il s’agissait de l’exception, un où deux jours de temps en temps, et non la norme.
Or en à peine quelques jours se sont cumulés
– Un nouveau lieu de travail, dans un contexte pas forcément adapté ( à la maison)
– De nouvelles méthodes de travail
– Une circulation d’informations plus difficile
– La fin ou au moins le bouleversement complet de la socialisation avec les collègues
– Une diminution du nombre d’informations reçues « naturellement» à propos de l’entreprise.
– Un stress du fait de ne pas savoir combien de temps durerait cette situation « temporaire » (?)
– Un stress à propos de la situation sanitaire
– Un autre stress sur la situation économique générale.
Nous avons été très tolérants, conscients de la nécessité de s’adapter y compris à la désorientation de nos nouveaux « télé-développeurs ».
Une seule personne, qui a donné des signes clairs de manque d’implication dans les rares tâches qui lui étaient confiées, à été remerciée au cours de cette période délicate. Les autres sont toutes restées avec nous.
Bouleversements pour le prestataire d’outsourcing
L’outsourceur Transycons en tant qu’entreprise n’a pas été épargné par les bouleversements.
Si nous avons réussi en quelques jours de mars 2020 à adapter notre infrastructure technique pour permettre à l’ensemble de nos développeurs web de travailler de chez eux, cette partie n’était finalement que la partie émergée de l’iceberg.
Nous sommes conscients que pour répondre à tous les bouleversement cités plus haut qu’ont connu les salariés, nous devons communiquer, ce que nous essayons de faire.
Cependant, les salariés voudraient surtout être rassurés sur le long terme. Or la variabilité des projets a largement augmenté, nous avons bien plus de nouveaux clients qu’avant, ce qui est passionnant, valide au passage notre travail sur le SEO, mais ne nous apporte pas de vision à long terme, vu que l’inertie de la période d’avant le Covid a bien diminué.
Nous pouvons nous estimer heureux si nous avons une visibilité moyenne de 2 ou 3 mois sur les commandes, ce qui reste modeste.
Il est important de noter aussi que la nouvelle situation est très éprouvante pour les Chefs de projet web. Ils passent désormais beaucoup (plus) de temps en coordination, relance, voire « baby-siting » de salariés en télétravail. Ceci en plus de leurs taches habituelles ; analyses techniques, recherches de solutions, échanges avec les clients, vérifications…
Se sont donc ajoutées de nouvelles tâches, très chronophages, à leur emploi du temps déjà bien chargé.
Pourtant, la généralisation du télétravail ne verra pas de retour en arrière chez les outsourceurs du web. Cependant, dès que la gravité de la pandémie baissera, un certain rééquilibrage devra être opéré, à l’insistance justifiée des chefs de projet. En effet, passer un quart voire un tiers de son temps au bureau aurait du sens, spécialement lors des lancements de projets, pour favoriser les échanges entre les développeurs web de l’équipe, et également pour retisser une socialisation excessivement massacrée par les différentes phases et variantes de confinement.
En conclusion, nous n’avons pas simplement changé de mode de travail, nous avons aussi largement changé de type de clientèle, avec une forte désintermédiation. Les agences web visant les TPE ou PME ont vécu un effondrement des commandes que nous avons ressenti, mais à l’inverse l’accélération de la digitalisation a vu fleurir de nombreux projets pour lesquels de nouveaux entrepreneurs nous ont consulté directement, et ont souvent aussi retenu la Roumanie / Transycons pour leurs développements d’applications ou sites web sur mesure.
Ceci s’est fait sans passer par la traditionnelle case « rencontre du prestataire web dans ses locaux », qui auparavant emportait souvent la décision. Désormais les visites sont remplacées par des échanges en téléconférence via Skype, Zoom, etc
Enfin, le Covid a tout de même eu quelques bons cotés, comme la simplification des procédures d’appel d’offre au niveau des structures de l’UE. Nous avons pu, à distance, postuler à un vaste projet, étalé sur deux ans, pour une association de référence qui aide les agriculteurs des pays en voie de développement. Au final nous avons été sélectionné par le donneur d’ordre, sachant qu’en temps normal nous n’aurions pas forcément eu les ressources et le courage d’affronter une procédure de sélection plus lourde et contraignante.