Souvent, quand des responsables d’agences web d’Europe de l’Ouest nous contactent, ils pensent avoir affaire à une sorte de double numérique low cost de leur propre agence internet. Mais en fait, si nous avons le même objectif qui est celui de livrer des sites web, une agence web offshore a des spécificités qui la rend très différente d’une agence web “on-shore”, proche, elle, de ses clients finaux.
Une agence aux vastes capacité de fabrication
Pour reprendre une célèbre citation d’après guerre, la devise d’une bonne agence web offshore peu se résumer, de façon un peu caricaturale, à “Un seul devoir, produire !”. En effet, la production est la raison d’être de l’agence offshore, ce qui fait qu’elle aura intérêt à disposer de tous les types de compétences nécessaires pour pour créer un site web ; graphiste web, intégrateur front office, programmeur, sysadmin, chef de projet, spécialiste SEO.
De même l’agence offshore doit au minimum maîtriser un CMS adapté aux sites vitrine / corporate, une solution e-commerce, et un framework permettant le développement de sites complexes sur mesure.
Enfin, la nécessité d’une forte réactivité encourage fortement le studio digital nearshore à réaliser l’essentiel de sa production en propre, pour avoir un contrôle maximal des délais.
Une très forte flexibilité
Une agence web offshore doit être très flexible, encore plus même que les agences web occidentales qui sont ses clientes.
En effet, il est courant que les agences web clientes dimensionnement leur équipe de développement web de manière à ce que leur charge de travail soit toujours garantie. Tout ce qui vient au dessus, notamment les pics d’activité, étant sous traités à une agence web nearshore à l’étranger.
Et outre les pics de nature “commerciaux”, l’agence web sous traitante doit absorber les fluctuations dues aux aléas, maladies, congés, etc. de ses clients.
Cette flexibilité est d’autant plus nécessaire, que bien souvent les agences digitales clientes n’ont pas la capacité à aider les sous traitants à anticiper les brusques fluctuations de volumes ; même si leurs ventes doublent, même si elle s’organisent pour rédiger davantage de cahier des charges, bien souvent il n’y a personne pour prévenir le prestataire que les volumes à fabriquer vont bientôt augmenter… ou baisser si leurs capacités à vendre ou à spécifier se réduisent aussi…
Le design en pointillés
Certaines agences offshores sont réticentes à développer leur propre expertise en design / graphisme web, en partant du principe qu’il faut (selon elles) être proche du marché des clients pour en saisir vraiment les goûts et les tendances.
Et en miroir, certaines agences d’Europe occidentale gardent jalousement chez elles la direction artistique pour réaliser elles même le graphisme web qu’elles transmettront ensuite au sous traitant web offshore pour intégration html / CSS. C’est leur droit le plus strict, il est probable qu’en gardant le graphisme en interne, les allers et venues avec le client final soit facilitées, voire accélérées.
En définitive, l’agence web aura intérêt à remplir deux conditions ;
– Savoir intégrer des designs web même si ils ont été conçus ailleurs, donc probablement avec des méthodes et une logique un peu différentes de celles qui existent en “interne”
– Pouvoir (à titre optionnel) proposer la prestation de graphisme web aux clients, en nombre non négligeable, qui n’ont pas cette expertise, ou peuvent ponctuellement manquer de ressources en graphisme.
Le SEO n’est pas forcément offshorisable
On touche ici à une fonction sensible, et qui n’est pas forcément, ni complètement, offshorisable.
En premier lieu, il est préférable que le travail de SEO soit fait par une personne qui ait comme langue maternelle celle du pays client. Et ceci inclut un référentiel culturel commun, pour éviter les erreurs de “contexte”. Ce qui réduit considérablement le nombre de personne qui peuvent faire ce travail en offshore…
Ensuite le bon SEO se fait souvent via un travail « en symbiose » entre le client qui met à disposition sa connaissance de son métier et de son vocabulaire, et le SEO de l’agence qui lui apporte ses méthodes, techniques et outils.
C’est primordial car plus que jamais le référencement est basé sur les contenus. Pour créer et mettre en valeur des contenus de qualité, il faut une collaboration étroite, et idéalement une proximité entre le client et le SEO de l’agence.
Grace aux nouvelles technologies, on peut mettre en place des collaborations distantes, surtout si le référenceur conçoit surtout son rôle comme celui d’un formateur puis guide initial qui accompagne au départ son client en lui « apprenant à pécher » pour que ce client devienne rapidement autonome.
Mais si l’agence offshore travaille en marque blanche stricte, le fait d’être en terme de process le sous traitant du sous traitant réduira fortement l’intérêt qualitatif de ce qu’elle peut apporter au niveau SEO…
Des chefs de projet web focalisés sur la production
Le chef de projet d’une agence offshore est moins concerné par la partie créative lors de l’avant projet, voire sur le recueil des besoins et la rédaction du cahier des charges, même si il est bien placé pour voir les parties des spécifications qui gagneraient à être détaillées.
Il est aussi peu impliqué dans les relations avec le client final au moment de la livraison et mise en main du projet, même si c’est souvent lui qui rédigera en fait le tutoriel / manuel d’utilisation.
Son travail sera en fait focalisé sur le cœur du projet, la fabrication :
– L’évaluation fine, en amont, du coût d’un projet, et donc l’évaluation précise du temps de travail au moyen d’un devis détaillé,
– L’identification et l’obtention des informations manquantes
– La répartition des taches en interne, le suivi de l’avancement, et la validation finale du travail.
– L’ensemble des échanges avec le chef de projet coté agence cliente.
Une commercialisation souvent très différente
La commercialisation est vitale pour les agences Ouest Européennes. D’autant plus si leur modèle d’affaires consiste à vendre beaucoup de sites. Il ne sera donc pas surprenant que dans certains cas, la majorité de l’effectif de l’agence soit constitué par la force de vente.
Pour les agences offshores, les choses sont assez différentes. Elles s’adressent principalement à des professionnels du web qui chacun sont susceptibles de leur confier la fabrication de plusieurs dizaines voire parfois plusieurs centaines de sites web par an. Il y a souvent un aspect récurrent.
Et compte tenu de la distance, la recherche par internet est un moyen beaucoup plus logique que quand il est facile de se faire démarcher par une entreprise à proximité.
Un simple site vitrine sympa (avec SEO approprié) peut se révéler une bonne source de leads. Le bouche à oreille et le réseau représentent un complément utile. Et pour les puristes courageux et pas trop regardants, pourquoi pas aussi des sites d’intermédiaires qui mettent en concurrence les prestataires en appliquant des marges conséquentes… mais un lead est un lead…
Bien sur, l’agence web nearshore ou offshsore peut prévoir une antenne en Europe de l’Ouest, avec un commercial autonome et… autant que possible loyal. Mais comme ce commercial aura affaire à des prospects professionnels du web, il sera bien vite dépassé par leurs questions d’ordre technique. Bien sur, l’antenne commerciale peut être animée par le fondateur ou un associé de l’agence web offshore, mais celui-ci sera probablement beaucoup plus utile au sein de son agence pour la faire fonctionner au mieux…
Au vu de ces différences… et de la distance, il ne faut surtout pas négliger les outils de suivi du travail, interfaces ou applications de rapport d’incidents / de ticketing qui permettront de faire circuler l’information entre les agences.
Au delà, une visite sur place est souvent idéale pour appréhender au plus près les possibilités, les ressources et la culture d’entreprise de l’agence internet offshore « futur partenaire ». C’est la qu’on mesure les écarts mais plus encore les complémentarités.
L’agence offshore est assurément différente de l’agence proche de ses clients, elle est vraiment plus axée sur la production pure. On devrait donc peut être plutôt l’appeler atelier web offshore, ou manufacture web offshore.