A première vue notre rôle est de réaliser des prestations bien précise de «services industrialisés», il faut «juste faire», la dimension conseil a peu de place, sauf sur des projets très techniques…
Et pourtant, indépendamment de l’activité NTIC qui a motivé la création de la société et qui a toujours été de très loin notre activité, des amis ou parents ont souvent eu tendance a me contacter pour des recherches de type «sourcing» car je représentais pour eux une porte d’entrée sur la Roumanie.
Si j’ai eu plaisir à les aider à mes moments perdus (de plus en plus rares), ce qui m’a permis d’acquérir une vision très large de la vie d’entreprise en Roumanie du fait de la variété de chefs d’entreprises que j’ai été amené à côtoyer, cette page de conseil / sourcing vue davantage comme une sorte de hobby a été tournée avec le départ (pour la Commission Européenne, …quand même !!) de la personne qui chez nous s’occupait de l’essentiel de cette activité jusqu’à l’année dernière.
Depuis je me contente d’aiguiller (à titre tout à fait bénévole) les éventuelles demandes extérieures vers la société française de la région correspondant le mieux aux recherches du demandeur. Le fait d’«organiser» tous les deux mois une rencontre des français et francophones de Cluj et de de sa région (grâce a une base d’adresses mail) me donne en effet une très bonne vision des structures dirigées par des français ou francophone ayant longtemps travaillé en France. Il est clair que pour des sociétés françaises, le fait d’avoir un point d’entrée français dans une structure, qui plus est le responsable, augmente très fortement les chances de réussite d’une collaboration.
Donc exit le conseil pur et dur… même si en creusant un peu on se rend compte que la dimension conseil reste très présente dans notre activité.
En premier lieu nous avons à faire un important travail de sensibilisation à la méthodologie d’échange offshore avec nos nouveaux clients. Les choses ne sont pas toujours si évidentes, pour la petite histoire les clients sont dans leur logique interne et des années après certains clients semblent toujours aussi surpris qu’une heure de décalage horaire sépare la France de la Roumanie (je pense par exemples à quelques urgence – non planifiées – d’après 19 h 30 «je ne comprends pas, je ne vois pas votre chef de projet en ligne…» 😉 )
Pour la plupart de nos nouveaux clients le travail avec un pays étranger est une nouveauté, ce qui demande un accompagnement, même si les choses se font assez vite car nos méthodes sont largement rodées et standardisées.
En second lieu, le conseil peut aller très au delà, par exemple dans le cas de la mise en place pour un client d’une équipe dédiée. Dans un tel cas, le client doit être sérieusement «briefé» sur ce qui l’attend au niveau des règles du droit social, mentalités au travail, coûts, ceci tout spécialement si la tarification est basée sur le principe «coûts réel» + une marge fixe du prestataire pour chaque personne de l’équipe.
C’est ce que je qualifierais de sensibilisation économique et même «interculturelle»
A titre général, les entreprises françaises sont d’ailleurs de plus en plus friande, à juste titre, de formation de leurs salariés aux aspects spécifiquement interculturels, et après une première vague ciblant surtout les top managers futurs expatriés, les formations sont de plus en plus étendues aux équipes travaillant dans un contexte très international (équipes multi-culturelles, ou étant en contact régulièrement avec des interlocuteurs travaillant à l’étranger).
J’ai d’ailleurs eu l’occasion de rédiger des articles sur le travail avec des roumains, et pour ceux que le thème de l’interculturel intéresse, voici un excellent blog animé par un professionnel de cette discipline : http://gestion-des-risques-interculturels.com
Encore plus largement, et à titre de conclusion :
– Je pense que le fait d’avoir été impliqués à un moment donné dans des dossiers de conseil nous donne une agilité intellectuelle qui pourra tout à fait être mise à profit pour nous aider à nous projeter sur des demandes atypiques ou très pointues nécessitant une vraie pré-étude avant le lancement d’une activité opérationnelle…
– Dans nos activités opérationnelles plus classiques, le langage de vérité que nous essayons de tenir à nos clients – tout n’est pas possible instantanément – est en partie lié à notre environnement qui nous impacte, et c’est déjà une forme de conseil. Les pratiques sur le marché du travail induisent des contraintes, nous ne pouvons pas «décréter» une équipe d’une dizaine de personnes en moins d’une semaine… sachant bien sur que nous essayons de retourner les contraintes en forces ; à partir du moment ou nous n’adhérons de toute façon pas au concept de salarié «jetable», la force du collectif nous donne beaucoup de cohésion, et une certains forme de souplesse, certes limitée mais réelle et durable…
– Enfin, toujours dans les activités opérationnelles, nous pouvons constituer un «miroir loupe» capable d’identifier et signaler le dysfonctionnement chez les clients, car ces dysfonctionnement affectent directement notre travail, vu notre degré de dépendances par rapport aux informations et instruction de ces clients. Nous pouvons même suggérer des solutions qui, même si elle ne seront pas forcément pertinentes car nous n’avons pas toutes les données du problème, ont au moins le mérite d’essayer de faire bouger les choses…