La Roumanie n’est plus ce Far-Est qu’elle était encore à la création de Transylvania Consulting SRL en 2002. Entrée dans l’Otan en 2004, dans l’UE en 2007, projet d’adhésion à l’Euro en cours (et même au long cours) même si depuis le Brexit le pouvoir d’attraction communautaire a très fortement pâli… le pays est clairement arrimé au bloc occidental, tant du point de vue politique qu’économique.
Ce qui a change pour les ESN (Entreprises de Services Numériques) de Roumanie
La perception qu’ont tant les clients que les investisseurs de la Roumanie a bien changé, notamment dans le domaine du développement informatique pour laquelle les ESN roumaines sont désormais reconnues sur tous les continents.
Bien sûr, qui dit UE dit plus de réglementations et contraintes, mais cela implique aussi plus de lisibilité pour les entreprises, notamment dans le domaine fiscal, et plus de sécurité juridique pour les donneurs d’ordres.
Il est aussi indéniable que les salaires ont sensiblement monté (par rapport aux niveaux vraiment très faibles du début des années 2000, la Roumanie sortant alors d’une très forte récession cousine des crises asiatiques et russes) mais cette hausse a permis de très largement freiner l’exode autrefois assez massif des ingénieurs en développement roumains.
Les grandes universités publiques sont aussi critiquées pour avoir du mal à suivre l’évolution des technologies, mais des initiatives de formations informatiques privées ont pris le relai, comme la très intéressante (et voisine) Pitech Academy pour ne citer qu’elle…
Enfin les grandes ESN internationales ont acquis localement une place assez considérable, provoquant une raréfaction des développeurs, surtout expérimentés, mais encore une fois l’augmentation de la notoriété informatique du pays était aussi à ce prix.
Bien sur il y a eu quelques bouleversements, notamment dans le domaine connexe du SEO, avec des fermetires ou des ventes. Si la Roumanie reste un pays ou l’on apprend le français, ce n’est plus comme au début du siècle un pays ou l’on le parle couramment, jusque dans la vie quotidienne. Du coup, sur l’activité de SEO, notamment pour la rédaction il est plus difficile de trouver des ressources compétentes que dans des pays qui suivent toujours les médias français, donc disposent de plus grosses facilités au niveau de l’expression.
Mais ces difficultés ne touchent pas les chefs de projets du développement informatique pour lesquels un français « fonctionnel » est suffisant, l’important étant de comprendre et d’être compris, même si telle ou telle préposition n’est pas employée comme le ferait un natif.
Point forts qui donnent à la Roumanie un vrai avenir dans le développement informatique
D’abord, si la hausse des salaires est réelle, elle doit être relativisée. D’un part car des écarts existent toujours avec les pays occidentaux, surtout si on compare les salaires chargés. Et ensuite car il existe des écarts entre les coûts de développement de la capitale, Bucarest, et celle des autres grandes villes de Roumanie. Pour schématiser, on dira que les équipes de développement dans la capitale servent avant tout le marché national, pour des raisons pratiques (proximité vis a vis des décideurs), alors que celles des ESN de province sont beaucoup plus tournées vers l’export de services informatiques.
Le prix des services informatiques n’est pas non plus le seul critère de choix, un très ancien contact professionnel m’a confié récemment qu’il avait renoncé à travailler avec une structure de développement informatique du Vietnam, en dépit de coûts imbattables, du fait du décalage horaire et du manque de rigueur en terme de finitions et validations internes.
A contrario, et sans rentrer dans le détail car ces points ont déjà beaucoup été développés sur ce blog, les développeurs de Roumanie offre de nombreux arguments de « proximité » ; très peu de décalage horaire vis a vis de l’Europe de l’Ouest, densité des liaisons aériennes, mobilité des salariés en cas de nécessité ponctuelle (nous ne sommes cependant pas adeptes du détachement…), etc
Encore une fois c’est toute la valeur du nearshore par rapport à l’offshore classique, et nous observons que de gros concurrents qui ont développé leurs implantions offshore ces derniers temps ont gardé intact leur maillage nearshore en Roumanie, preuve de la valeur spécifique du développement nearshore.
A noter aussi que ces dernières années la Roumanie s’est distinguée par un des meilleurs réseaux internet du continent européen… dans le domaine du développement pour le web, cela compte…
La stabilité générale du pays est aussi un atout. Stabilité énergétique (le pays compte encore quelques gisement en activité de pétrole de de gaz, et de nouveaux seront exploités en mer noire… beaucoup de centrale hydrauliques et une grosse centrale nucléaire assez récente) mais aussi stabilité politique. Le pays a connu des alternances politiques, des cohabitations même, et l’économie roumaine ne s’en est pas plus mal portée.
Spécifiquement au niveau du développement informatique, la Roumanie a désormais acquis une image de marque, une véritable reconnaissance internationale. Des clusters régionaux d’ESN des NTIC se sont même formés.
Sur le plan fiscal, la traditionnelle exemption d’impôt sur la salaire (sous conditions) pour les développeurs informatiques a été récemment étendue à ceux réalisant du travail de développement sans avoir suivi une longue formation universitaire dans ce domaine. C’est notamment pertinent pour les développeurs front office autodidactes, qui réalisant le même travail que leurs collègues ingénieurs en informatiquee, mais qui recevaient pourtant jusqu’à récemment une rémunération nette inférieure.
On observe enfin depuis une grosse année un ralentissement du débauchage entre ESN roumaines, ce qui est encore un signe que la marché du développement informatique nearshore arrive à maturité. Ceci sécurise encore plus les projets au long cours.
Pour conclure sur ce sujet, nous remarquerons que la typologie de nos nouveaux donneurs d’ordre informatiques occidentaux a changé par rapport à il y a 15 ou même 10 ans. Leur business modèle est plus solide, ils sont moins dépendants de coûts de développement au raz des pâquerettes, et donc plus viables.
La Roumanie n’est plus vraiment un pays de développement low cost… pour les « projets low value ». Il faut une valeur ajoutée minimale sur un projet pour faire développer ici.
Et cela tombe bien, notre spécialité, et celle de notre milieu, c’est avant tout le développement informatique sur mesure….