Statistiquement parlant, il faudrait embaucher des milléniums. Ils sont nombreux, ils sont l’avenir, spécialement dans les nouvelles technologies. Certes. Oui, mais ces milléniums sont souvent (très) ambitieux, exigeants, pas spécialement fidèles à leur entreprise en elle même, ils fonctionnent souvent à la récompense instantanée voire anticipée à leurs efforts, bref ne se baser que sur eux imposerait une révolution culturelle drastique.
Du coup, sans bien sûr leur fermer la porte, nous avons entrepris de réaliser un panachage avec des personnes plus âgées, qui ont déjà une expérience (indépendante) très conséquentes, même si c’est la première fois qu’elles rejoignent une entreprise dont la taille les dépasse largement.
Pourquoi les – anciens – freelance IT nous intéressent
– Tout d’abord ils nous apportent une expérience conséquente, et souvent diversifiée.
– Facteur fondamental, comme ils ont travaillé seuls, ils sont habitués à aller jusqu’au bout, quel que soit l’effort nécessaire, étant responsables de leurs projet directement vis a vis du client. Ils n’ont pas eu la possibilité d’être “sauvés” facilement par un collègue, et ont donc développé une forme de persévérance.
– Ils ont développé avec le temps des facultés d’apprentissage autonome, donc l’age n’est pas un handicap de ce point de vue, bien au contraire. Certes ils bougonnent parfois un peu quand il leur faut utiliser encore un nouvel outil préconisé par tel ou tel client, mais ils s’adaptent aussi…
– Enfin, de par leur expérience, ils savent que toute entreprise ou situation a ses bons et ses moins bon cotes, et que l’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs. Ils sont donc plus fidèles que des jeunes qui ont tout à prouver et qui pour certains veulent “faire carrière”.
Pourquoi ces freelance en dev web nous rejoignent
– Etant une entreprise au portefeuille client diversifié, nous apportons à ces freelance une stabilité (des revenus) et donc moins de stress qui touche à la précarité du statut d’indépendant. En effet un freelance IT n’est pas sur d’avoir encore demain des commandes qui lui permettront de vivre.
– Nous permettons aux anciens freelance de se concentrer sur le travail qu’ils aiment. Ils n’ont plus à passer beaucoup de temps en prospection, et beaucoup moins voire plus du tout de temps d’interaction avec les clients…. Ceci sans parler du suivi des encaissements et des relances pour les factures de freelancing ayant (largement) dépassé leur échéance.
– Nous leur offrons une position valorisante, de seniors qui souvent deviennent une référence pour leurs collègues plus juniors, ou pour des chefs de projet généralistes en quette d’orientation en amont des projets.
– L’entreprise représente aussi pour eux une opportunité de socialisation avec les collègues salariés. D’ailleurs, même ceux qui ont un travail très indépendant et facilement réalisable de chez eux, comme les graphistes web, passent plus de la moitié du temps au bureau. Outre les échanges avec les CP, le contact avec les collègues est aussi recherché.
– Pas d’obligation d’abandonner leurs anciens clients, les semaines « utiles » ayant sensiblement plus de 40 heures (mais ça leur permet d’être plus sélectifs)
– Une flexibilité horaire / possibilité de travailler une partie du temps à la maison (d’autant plus qu’ils sont autonomes au point de vue technique).
– Après avoir travaillé seuls, intégrer une assez petite entreprise est déjà un choc pour eux, même si il reste généralement gérable (nous avons n’avons eu qu’un seul cas d’un ancien salarié qui après être longtemps passé par la case freelance ne peut plus travailler que seul chez lui). Rejoindre un très grand groupe international serait en revanche un choc trop important pour eux, surtout qu’ils sont arrivés à un age ou ils ont beaucoup d’expérience, mais où la flexibilité commence à baisser.
Cas concrets d’embarquement d’expérimentés
A noter que je préfère écrire embarquement qu’embauche, car chaque cas est spécifique, et certains préfèrent collaborer avec nous sur la base d’un contrat de prestations de services, sans passer par la case embauche en CDI.
– Le cas d’un retour après une dizaine d’années, d’un ancien graphiste web, très capables, mais pas toujours facile à gérer à l’époque. Dix ans plus tard, il est beaucoup plus mature, responsable, il a développé son autonomie et aussi sa technicité puisqu’il réalise désormais des crawlers…
Entre temps il a goûté aux joies et servitudes de l’indépendance, mais au final, il a voté avec ses pieds et est revenu au “bercail”…
– Autre cas un peu similaire, mais avec un intégrateur web fin connaisseur de WordPress qui avait lui toujours été indépendant. Moyennant une certaine flexibilité au niveau de son emploi du temps, il nous a rejoint pour plus de stabilité et nous nous félicitons de ce renfort.
– Notre graphiste web le plus senior a lui aussi longtemps été indépendant, avant de nous rejoindre pour un poste à plein temps depuis plus de 3 ans et demie… Il a juste besoin de temps en temps d’ajuster ses congés à celui de sa conjointe qui se déplaçant beaucoup a parfois des jours à récupérer, mais en contrepartie, en période de forte charge, il donne un coup de main les WE en rechargeant ainsi ses droits aux congés…
– Nous intégrons comme testeur à temps partiel un traducteur, habitué de par sa longue expérience antérieure à un lecture et une compréhension rigoureuse des textes. Son œil acéré va aider nos chefs de projet en les déchargeant de certaines taches chronophage. Et rien n’interdit de lui confier ensuite d’autres taches plus ou moins connexes.
– Dernier cas , celui d’un homme de 54 ans (valable et très motivée !) ayant fait des formations IT de reconversion. Avant de postuler chez nous il avait eu dans deux entreprises des entretiens qui ont fini en queue de poisson des qu’il a du indiquer son age. Il semblerait que les critères des grosses structures sont parfois très rigides (avec probablement des calculs poussés incluant les risques d’aléas de santé, rythme de travail, etc en fonction de l’age des salariés).
Certes, cette personne manque d’expérience pratique, elle a besoin d’un stage d’intégration pour fixer les connaissances, en lien avec un collègue mentor, mais ensuite elle devrait arriver à réaliser les taches d’intégration front office comme tous les autres collègues front dev déjà en place.
Au passage, à une époque ou on nous explique qu’il faut cotiser de plus en plus longtemps avant d’avoir droit à une retraite “normale”, il y a quelque chose qui m’échappe dans la logique globale de ce système…
D’ailleurs cet exemple me rappelle le cas d’une tante, qui une fois que ses enfants avaient grandi et étaient devenus indépendants, voulait retourner sur le marché du travail. Elle était sortie major de sa formation de visiteur médical en France… sans avoir ensuite pu trouver le moindre emploi. Elle était pourtant aussi épouse de médecin, mais à la cinquantaine, elle n’était peut être plus le bon petit soldat naïf, crédule et discipliné qui plaît tant aux grandes structures…
En ce qui nous concerne, nous disons non à l’exclusion des plus de 50 ans, surtout si en plus ils ont, comble de malédiction, le malheur d’être des hommes blancs (ou grisonnants en fait 😉 ).
Au final l’expérience s’avère à ce stade très positive, et nous pensons encore l’amplifier un peu, d’autant que l’encadrement de l’entreprise tourne autour de la quarantaine, et que la compréhension est souvent optimale entre gens d’une même génération.
Nos craintes sur la difficulté à intégrer des personnes qui ont longtemps, voire toujours été indépendantes, ne se sont pas vraiment confirmées, sauf cas spécifique comme par exemple la naissance d’un enfant qui fait qu’un ancien indépendant, surtout si il est payé à l’heure, aura tendance à prendre un peu plus de libertés, les journées n’ayant que 24 heures. Mais ceci n’est que transitoire…